Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas encore Joe Sacco, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans l’un de ses reportages. Il est auteur de bandes dessinées, mais d’un genre à part et rare, celui du reportage. Joe Sacco se rend sur les lieux des grands conflits internationaux et nous rend compte des situations. Il utilise son art pour nous plonger au cœur de la détresse humaine, au cœur de l’espoir.
Déjà dans Gaza 1956, il m’avait bousculé, et dans Gorazde il réitère… Il nous mène cette fois pendant le conflit Yougoslave dans la ville de Gorazde. Il rencontre la population, marche dans les décombres et raconte ce qu’il y voit. Il parvient à mettre en images les témoignages avec toute l’horreur qu’ils véhiculent. Le quotidien de la guerre se mêle aux atrocités, aux déchirures, aux pourquoi ?. Les préoccupations de la jeunesse prise dans la guerre s’entrechoquent avec celles des criminels de guerre, à la haine de l'après guerre civile, aux blessures qui ne se refermeront jamais… Le lecteur se demande encore comment nous avons pu laisser faire cela et le citoyen en formation que j'étais alors, se souvient des lointains échos de ceux qui dénoncaient les horreurs de cette guerre, qui n'est pas sans en rappeler d'autres.
Le témoignage du journaliste-dessinateur est remarquable, bouleversant, sur les déchirements d’hommes et de femmes qui se côtoyaient avant le conflit et partageaient leur vie. Surtout, Joe Sacco ne dévie pas de son rôle de journaliste, sait parfaitement faire la différence entre mémoire et histoire et surtout mesure combien elles sont mêlées.
Un indispensable !