femmes-de-r--confort.jpgVoici un manwha (BD coréenne, ce que le manga est au Japon) qui ne laissera pas de marbre. Jung Kyung-A, Coréenne a choisi de militer pour la reconnaissance des « femmes de réconfort » de l’armée japonaise ou de manière plus claire et surtout plus appropriée et moins politiquement correct des « esclaves sexuelles de l’armée japonaise ».
 
Dès la fin des années 1930, l’armée impériale japonaise met en place un réseau de prostitution officiel géré plus ou moins directement par elle. Rien de véritablement étonnant que les « bordels ambulants d’une armée en campagne » (Jacques Brel, « Au suivant ! ») afin d’éviter les maladies vénériennes me direz-vous... Sauf que l’armée japonaise a cautionné, quant elle ne l’a pas dirigé directement, l’enlèvement de ces femmes essentiellement Coréenne (peuple considéré comme inférieur et moins dangereux que les chinoises). Des hommes leur faisaient alors miroiter un travail très bien payé dans une usine de Mandchourie et si ce la ne suffisait pas à les convaincre, il restait l’utilisation de la force. On quitte alors l’enfer de la prostitution pour celui du viol. Battues et violées, payées en « tickets », victimes des frustrations et des perversités des soldats, elles sont choisies très jeunes, généralement vierges car comme le dit le médecin Ako qui s’occupe alors de l’examen gynécologique des nouvelles arrivantes et auteur d’un rapport : « plus elles étaient jeunes, meilleure était la qualité des prostituées ». Une conclusion qui résume parfaitement leur place dans ce système : une simple marchandise, comme le tabac, pour le bien des soldats... L’horreur aurait pu prendre fin avec l’armistice, mais aujourd’hui encore, l’Etat japonais n’a pas été condamné pour ces atrocités et n’a toujours pas présenté ses excuses officielles aux nombreuses victimes Coréennes. Aujourd’hui, alors que leur nombre diminue (118 survivantes), ces femmes encore « coupables de viol » attendent d’être libérées...
 
Dans la lignée de « Gen d’Hiroshima » de Nakazawa sur les victimes des bombes, ou même de « Maus » de Spiegelman sur les camps d’extermination, Jung Kyung-A choisit la bande dessinée pour faire acte de mémoire et mettre en lumière sur les conditions de la femme en temps de guerre. Conçu comme un documentaire, ce manwha évoque tous les aspects de la question – enrôlement, organisation, la fin de la guerre, témoignages, études, ... – et nous conduit jusqu’au « Procès bâclé » qui devrait faire l’objet d’un second tome. Si le graphisme et la masse d’informations pourront en rebuter quelques uns, il faut vraiment se laisser porter par l’enquête minutieuse et engagée de Kyung-A menée parfois avec ironie au nom du devoir d’histoire.
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