sade.jpgIl est des romans qui obscurcissent la frontière entre réalité et fiction. Le dernier livre de Jacques Chessex est de ceux-là.

L’histoire d’abord. Une histoire en deux parties. La première qui nous conduit aux côtés du fameux marquis durant les derniers jours de sa vie et jusqu’à sa mort. Puis lui succède l’histoire, entre croyances et superstitions, des méfaits du crâne du théoricien du sadisme sur les personnes qui ont cherché à le posséder, sans le nourrir. L’univers de Chessex est là, dans ce que l’homme compte de plus noir, dans la fascination et tellement proche de la mort. Une exploration de l’âme humaine pour une œuvre qui se veut dérangeante, blasphématoire parfois écœurante et toujours critique. Ecrire sur le marquis de Sade n’est jamais innocent et la provocation est à son comble lorsqu’un auteur se plait dans les descriptions d’un vieillard à bout de souffle dont les pratiques sexuelles restent ce qu’elles ont été. Une provocation qui forcément dérange une Suisse bien proprette. Un combat que Chessex à mené jusqu’au bout, et ce roman en est la preuve. Il va même jusqu’à vouloir cacher le crâne du défunt marquis dans les coffres des banques suisses… Que c’est bon !

L’Histoire ensuite. Difficile de ne pas se laisser emporter par le côté prémonitoire des réflexions du poète sur la mort. En refermant le livre, la magie opère et l’Histoire semble avoir pris le relais, comme si Jacques Chessex avait approché d’un peu trop près « le dernier crâne de M. de Sade ».

Le roman finit sur ces mots : « Comme nous sommes las d’errer ! Serait-ce déjà la mort ? »

Une mort qui le frappa par surprise le 9 octobre 2009, donnant une résonnance plus réelle encore à ces derniers mots publiés...

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