bookeen-cybook-opus-pocket-e-book-reader.jpgCa y est ! J'y suis passé... Je l'ai fait ! J'ai lu mon premier livre numérique. La liseuse en main empruntée dans ma bibliothèque (qui expérimente la "chose" avec quelques autres bibliothèques des Yvelines choisies également par le MOTIf), je l'ai essayée partout : sur un fauteuil, en voiture (je ne conduisais pas...), dans un lit, dans le métro, dans le train, dans la cuisine, à la bibliothèque, chez des amis, ...

 

Alors pour rappel, ces liseuses ont le format d'un poche, ne sont pas rétro-éclairées (ne fatiguent pas les yeux et peuvent être lues au soleil mais pas dans le noir), peuvent contenir quelques milliers de livres et sont très fragiles !

 

La première approche a été engagée ! Envie de sortir de cette religion du livre qui interdit aux bien-pensants lecteurs de jeter un livre - qui voient ainsi dans le bibliothécaire le bourreau idéal de dons civilisateurs - mais autorisent les jardiniers qu'ils sont aussi à mettre des CD dans leurs cerisiers pour faire fuir ces voleurs de merles. Envie de montrer ce qu'est un bibliothécaire 2.0, dématérialisateur (pas toujours convaincu) à ses heures perdus, attaché au fonds, rien qu'au fonds et au fond inquiet de l'avenir. Envie de taire tous ceux qui ne décrochent pas du papier au nom d'une noblesse d'érudits qui a longtemps engluée les bibliothèques.

 

Attention ne vous méprenez point à mon sujet. Le livre, son aspect, son parfum, son son, son goût ne m'étaient pas étranges. Mais pourquoi fermer toute ouverture lorsque la modernité nous remet en cause ? Percevez vous le danger de rester enfermé quand tout bouge non loin de là ?

 

La deuxième approche a été plus mesurée et surtout intéressée. J'ai vu dans cet objet un outil bien pratique... Finies les grosses valises consacrées à mes lectures de vacances, à moi la possibilité de prendre 4.000 auteurs avec moi sur une moto qui ne contient que deux places, dont une prise déjà par moi. Fini le questionnement insensé : que lirai-je mercredi prochain, puis, dans une semaine ? Et si je prends celui là, les 600 pages de celui-ci tiendront ils entre mon appareil photo et ma paire de chaussettes du mercredi ?

 

Et puis j'ai testé... J'ai lu ("Purge" de Sofi Oksanen dont le billet suivra celui-ci). D'abord perturbé par l'objet je me suis senti comme les premiers téléspectateurs qui avant de regarder la télévision, se laissaient séduire par le téléviseur (euh oui... je n'ai pas connu cette époque...). Rapidement, le fonds m'a rappelé et j'ai aimé. Juste gêné par cette génération de liseuses qui n'est pas tactile, pas interactive (allez chercher une note de bas de page, 30 pages plus loin...), pas colorisée... Mais j'ai pensé à mes plus vieux jours, lorsque j'aurai l'utilité de la fonction qui modifie la taille de police sans pour autant m'imposer un gramme de plus (190 grammes pour les pointilleux). La lecture s'est poursuivie jusqu'au dernier mot.

 

Et là, j'ai compris ce qui me manquerait, ce que cette liseuse ne m'offrirait pas, peut être même jamais... Un bruit... Un bruit qui vient clore chacune de mes lectures pour sonner le retour à la vie. Le "clac" que fait la quatrième de couverture en se rabattant sur les pages lues. De même, comment mesurer autrement que par quelques nombres en bas de l'écran ce qu'il me reste à lire. Ce 24/308 a quelque chose d'administratif qui m'a hanté. J'aime voir, mesurer l'épaisseur du chemin à parcourir ou parcouru, modérer mon allure selon mon goût, comme à vélo pendant une ascension... Comment savoir combien de pages me reste-t-il à lire avant la fin du chapitre et de pouvoir dormir... Tout cela est bien difficile...

 

Puis est venu le temps de lire un autre livre. Un autre format, un autre parfum, un autre volume. Et voilà un autre aspect. La liseuse, comme le poche, détruit la diversité et m'a imposé l'uniformité.

 

Alors voilà. Cette expérience a été concluante. D'abord parce que j'ai vu que je pouvais lire autrement, sûrement même "demain". Mais surtout parce que j'en ai plus appris sur moi et sur mes relations avec le Livre. Comme pour les Vieux amants, j'ai redécouvert les raisons d'un amour. Moi aussi j'ai une noblesse à exprimer, et moi aussi finalement j'aime comme c'était... avant. Dis moi sur quoi tu lis et je te dirais qui tu es...

Tag(s) : #Une cerise vous parle
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :