Partant de quelques photos jalonnant sa propre vie, Annie Ernaux nous propose de dessiner une autobiographie « impersonnelle » qu’elle a voulu en partie collective. Concept original. Se mêlent ainsi au gré des informations personnelles des éléments de la mémoire collective qui ont fait sa propre histoire.
Issue de la génération du Baby boom, Annie Ernaux évoque son enfance de l’immédiate après guerre et passe en revue les années 1950 jusqu’aux années 2000. Entre, les révoltes, l’espoir de la gauche, les désillusions de la société de 68 ou encore le modernisme actuelle. La transition de chaque période est assurée par des photos qui la montrent traversant les âges. On découvre ainsi l’auteur entre ses engagements et les souvenirs à la fois personnels et collectifs qui ne manqueront pas de faire sourire le lecteur, tant elle sait si bien, par quelques objets, quelques expressions ou autres accessoires vestimentaires, faire ressurgir les parfums du passé, sans tomber malgré tout dans la nostalgie.
On y découvre donc une femme dans sa génération, engagée, pouvant désormais choisir sa vie et jouir de la liberté. Ce livre m’a plu par son style, mais également parce que l’auteur y croque remarquablement les époques et ravive notre mémoire par des petits détails oubliés. Seulement, une impression de catalogage m’a sorti parfois de l’œuvre et le les références collectives qui ne m’appartiennent pas m’ont exclu d’office du livre, ce qui est dérangeant. Mais ce livre m’a offert un très agréable moment de lecture et reflète parfaitement la vie d’une partie de ces femmes du « baby boum » qui ont fait l’apprentissage de la liberté, mais plus généralement à l’ensemble des femmes, même d’aujourd’hui, qui ne manqueront pas de s’identifier à l’auteur.