
Le narrateur, en partie Sayed Kashua, raconte son mal être dans une société où il ne parvient pas à se positionner, lui le jeune Arabe qui souhaiterait être intégré, jusqu’à en être totalement confondu... A travers sa famille engagée dans un premier temps contre l’Etat occupant, ce jeune Arabe voit les Juifs : au travail de son père, dans les coupures de presses retrouvés par hasard, dans le cadre des échanges entre écoles juives et arabes, à la télévision, ... Il les voit mais ne les connaît pas. C'est un monde qui lui semble impénétrable pour l'Arabe qu'il est. La porte de l’intégration s’ouvrira pourtant avec le succès à un concours qui lui permettra d’entrer dans un lycée juif. Mais très rapidement, il comprendra que l’intégration est illusoire et que tout ne peut s’effacer.
« Les Arabes dansent aussi » est une vision de la société juive particulièrement dure et fermée. On pénètre au cœur d’une population mise à l'écart, regardée comme de possibles ennemis de l’Etat par les autorités juives (ce sentiment s'estompe mais ils n'ont toujours pas l'autorisation de faire leur service militaire), ou comme des traîtres de la cause par les Palestiniens. Une minorité à la recherche de son identité qui s'assume progressivement et construit sa place dans le pays. La société juive est égratignée à chaque page, sans que le monde Arabe ne soit épargné pour autant. Un livre où l'on observe une culture sans jamais y pénétrer. Un sentiment étrange naît alors de ce premier roman, écrit dans un style léger et qui laisse le lecteur aux portes d’un monde clos. Certains y ont noté des notes humoristiques mais pour ma part j'y ai été davantage marqué par une véritable violence et un profond malaise qui nous envahit progressivement au fil de l’histoire et des désillusions du narrateur.