La Roumanie des années Ceausescu est sur le point de tombée. Aux fins fonds du pays, ce qui est présentée comme la dernière léproserie d’Europe (r)enferme quelques pensionnaires, haïs de tous. Ces enfants de Hansen, du nom du médecin norvégien qui a découvert le bacille, sont aidés par la Croix Rouge, mais isolés du Monde. Une hiérarchie se met en place et leur vie s’organise selon l’évolution lente de la maladie. Entre le vieux Hongrois, Ingemar Zoltan, Margareta la vielle femme russe, le couple Mstislaw Kasiewitz et Cion Eminescu, l’agent américain Robert W. Duncan et notre narrateur, les relations sont parfois proches du chaos, poussées toujours plus par le désespoir. Tandis que certains sont résignés et attendent, d’autres pensent à l’avenir, s’accrochent à la vie. Dans un monde en plein changement, ceux-là ne veulent pas rester inertes à attendre que la mort ne vienne les chercher un par un…
Un roman parfois très dur, où les corps en décomposition se mêlent à la violence des relations humaines dans un monde condamné. Mais l’humour de l'auteur offre quelques bulles d’oxygène et il sait nous trainer dans les couloirs de ce qu’il décrit comme la dernière léproserie d’Europe (qui, mais c’est à confirmer, serait en réalité en Espagne et non en Roumanie). Il revient sur les mythes qui touchent la maladie à traves les âges, les peurs qu’ils engendrent et la noirceur qui jaillit de l’être humain en proie à ces croyances. Un très bon roman au style réaliste et profondément humain. Une très belle surprise pour moi !