1938, Gabriel, jeune étudiant péruvien arrive à El Sexto… Il est incarcéré à El Sexto… comme opposant au gouvernement en place. Prison située au plein cœur de Lima, elle s’organise sur 3 niveaux. Au rez-de-chaussée, les sans-abris, les plus marginaux, souvent tombés dans la folie, avant ou des suites de leur emprisonnement. Au 1er étage, les droits communs, voleurs et assassins. Au 2ème étage, les prisonniers politiques, Apristes (Alliance populaire révolutionnaire américaine) et communistes qui nourrissent une guerre fratricide. Chaque jour, l’équilibre de la prison, de ce monde où chacun doit rester à sa place, menace de s’effondrer un peu plus. Les frontières doivent rester étanches. Gabriel découvre la prison aux côtés de son compagnon de cellule, Alejandro Camac respecté de tous. Mais guidé par son humanité, par son bon sens et par ses valeurs, il vient très rapidement bousculer l’ordre établi, au péril de tous.
Inutile de vous mentir, l’atmosphère de ce livre est lourde, étouffante et l’espoir fond un peu plus à chaque page. Les rares ilots d’humanité offrent une bouffée d’oxygène, mais cela reste bien peu. On est soulagé de refermer le livre, qui a fait renaître les odeurs les plus nauséabondes et revivre les sentiments les plus noirs. En cela justement, ce roman est remarquable. Il l’est d’autant plus lorsque l’on sait qu’Arguedas est passé par « El Sexto ». 8 mois de sa vie qui le marqueront à jamais et dont il sort un roman saisissant. Impossible de ne pas être marqué par cette littérature. Quand le devoir de mémoire est accompli.
Pour, In Cold Blog…