Voici une BD et un auteur "remarquables » comme le dirait notre Président de la République... Dans une période où le fronton des mairies sera bientôt affublé du désormais célèbre slogan "travailler plus pour gagner plus" - sans préciser qui gagnera plus... - cette BD est un véritable bol d’air.
Sur la forme d’abord, Philippe Squarzoni a réussi là où bon nombre de Bd autobiographiques échouent : parler de son expérience propre, apporter un témoignage sans tomber dans le nombrilisme. Il parvient à offrir aux lecteurs un outil de réflexion, une œuvre intelligente qui apporte au débat que l’on soit d’accord avec lui ou non.
Dans le premier tome, "Garduno en temps de paix", Squarzoni part de ses interrogations sur le monde actuel, ses doutes, et ses engagements pour dénoncer un monde qui ne lui convient pas. Il s’attaque à la fois aux pouvoirs financiers, politiques, aux médias actuels, à la surconsommation, ... De manière très claire il expose les grands enjeux de la planète, ses injustices et l’impuissance qui la paralyse. Toutes les interrogations sont là mais sans véritables solutions concrètes. Etre systématiquement dans la dénonciation peut finir par agacer...

Que l’on soit de gauche ou de droite, cette Bd ne peut pas laisser indifférent tant elle expose clairement la situation du monde dans lequel nous vivons. S’il est toutefois conscient que concrètement le combat est extrêmement difficile et les avancées quasi invisibles, il sait que sa victoire réside dans l’éradication de la « pensée unique ». Alors certains y verront un outil de propagande pour Attac, mais à ceux là, dévoilez moi ses erreurs. Les solutions à apporter sont peut être différentes, mais les problèmes eux sont réels...
Le graphisme pourra en dérouter sans doute quelques uns peu habitués au genre. Mais, dans la lignée de Michael Moore, on se laisse vite prendre à l’humour décalé entre le dessin et le texte. A lire pour s’informer, s’interroger et pourquoi pas s’engager.
La critique de Philippe est ici
Juste pour le plaisir, je vous livre cette petite phrase que Squarzoni a lu sur un mur de Pakrac en Croatie juste après la guerre : « Si la guerre est la réponse, ça devait être une question de merde »...