Comme promis par ici, je retourne à cet auteur dont le style ne m’avait pas laissé indifférent… En allant dans ma librairie, j’ai pris le premier trouvé : le vampire de Ropraz.

Février 1903. Haut-Jora vaudois. Rosa Gillièron, la très belle fille du juge, vient de mourir d’une méningite, à 20 ans. L’enterrement passé, en pleine nuit de neige, la tombe est profanée. Le corps est découpé, violé, démembré et dévoré… Un crime qui dans cette Suisse du début du siècle précédent encore imprégnée des croyances et de superstitions, permet aux rumeurs les plus folles de se développer dans la population locale. L’horreur ne s’arrête pas là : trois autres tombes sont profanées, avec le même rituel. C’est un article dans un journal local qui franchit le pas : le vampire de Ropraz est en liberté… jusqu’à l’arrestation d’un homme qui comme partout ailleurs sera un coupable idéal.

Comme dans « Un Juif pour l’exemple », Jacques Chessex part d’un fait divers pour construire son roman. Dans ces écrits froids, il y dénonce les superstitions, les rumeurs dévastatrices, les dénonciations calomnieuses, et la haine de la différence. L’auteur nous conduit donc dans cette affaire qui a bouleversé la Suisse et eut même un retentissement hors des frontières. La fin qu’il nous réserve provoque, et laisse planer le doute. Une écriture encore marquante et un roman toujours trop court. J’aurai voulu une fin plus étoffée, mais elle arrive comme un couperet lancé par l’auteur qui cherche à nous surprendre. Ce livre a parfois déçu, mais je pense que les lecteurs n’y ont pas trouvé ce qu’ils pensaient trouver. Le personnage principal n’est pas celui que l’on croit : le vampire est secondaire et se laisse coiffer par la la partie la plus sombre de l'âme humaine. Point de véritable vampire, point d’enquête haletante… La froideur des descriptions nous fait garder cette distance face au crime, mais réfléchir sur les côtés les plus noirs de l’Homme. Effet réussi. Je continuerai donc l’aventure Chessex sans hésitation, tant son style est épuré, fort et incisif. Et sur ce point tout le monde semble d’accord. Même si l’histoire ne convainc pas, le style s'impose.

Attention, quelques critiques sur la blogosphère dévoilent la fin de l’histoire… Dommage et inutile.

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